lundi 1 février 2010

Seiner, seineur, seineux

Je me suis maintenant fait une tête sur l'origine des mots seiner/senner, seineur/senneur et seineux/senneux.

Il fallait réconcilier les expressions suivantes :
Il m'a encore seiné de l'argent.
As-tu vu le joueur des Canadiens : il est en train de seiner à la ligne bleue adverse.
Il vient toujours en visite autour de 5 heures : il va encore nous seiner un souper.

Il m'apparaît maintenant clairement que ces mots viennent sûrement du verbe seiner/senner signifiant pêcher à la seine/senne, la seine/senne étant le filet de pêche qu'on laisse traîner au fond de l'eau pour ramasser le poisson.

Le verbe apparaît dans les vieux Larousse, Robert et Littré. Le premiers français l'on probablement importé au Canada sous cette forme de seiner ou seineux, dans le sens de solliciter, solliciteur, d’où seineuse pour celle qui sollicite des clients (prostituée).

Il s'agit donc de vieux français et non d'un anglicisme comme je l'avais d'abord supposé.

J'ai trouvé des références intéressantes de ce mot dans Le débutant d'Arsène Bessette (2209) où l'on parle de ces femmes expertes dans l'art de tendre leur croupe et de lancer leurs filets pour attraper le poisson :

" La nuit tombait. La rue s’éclairait peu à peu de pâles reflets électriques, et aux devantures des magasins les
78vitrines brillaient de mille feux donnant un attrait fascinateur aux objets étalés pour exciter la convoitise des passants. D’une ruelle sombre un homme à moitié ivre, ayant une femme à chaque bras, apparut en pleine lumière, en face des deux amis. Le trio les croisa et Paul Mirot crut reconnaître l’une des femmes, une grande brune déhanchée. C’était, assurément, la même qu’il avait rencontrée rue Saint-Laurent, le jour de son arrivée. Jacques Vaillant remarqua la persistance avec laquelle il suivait cette femme du regard, et lui demanda : – Est-ce que, par hasard, tu connaîtrais cette seineuse ? – Cette seineuse ? – Les seineuses sont les concurrentes des pianolegs. On les nomme seineuses parce que, si elles n’ont pas l’avantage des mollets découverts et l’attrait qu’inspire aux esprits déréglés le mystère des petites filles, elles sont, en revanche, plus expertes en l’art de tendre leur croupe et de jeter leurs filets pour attraper le poisson. Cette grande brune est, si je ne me trompe pas, la bonne amie de Solyme Lafarce, qui, en plus de son métier de reporter, exerce celui de pourvoyeur de clients dans la maison où cette drôlesse exploite ses jolis talents. Mais tu n’as pas encore répondu à ma question, connais-tu cette femme ? "

Vous pouvez même lire son roman en ligne si ça vous tente : http://www.docuter.com/viewer.asp?documentid=14758335364a41da7b97ad11245829755&bessette-debutant

Louise-Laurence Larivière, dans son Guide de féminisation des noms communs de personnes (2005), le qualifie de québécisme et suggère seineux, seineuse.
http://www.google.ca/search?hl=fr&client=firefox-a&rlz=1R1RNFA_fr___CA356&hs=Qu2&q=seineuse&btnG=Rechercher&meta=&aq=f&oq=

Il semble malgré tout que certains donnent au mot seineux, épieur, écornifleur comme en fait fois ce texte d'Alexandra Lussier (2002) intitulée La seineuse : http://www.cssh.qc.ca/ecoles/maurice-jodoin/projets/2ecycle/legendes/animal/seineuse.htm

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