mardi 8 juillet 2008

Mon beau-frère est anglophone

Ce blogue (blog), Les Jacasseries, vous livre des commentaires, des recherches et des réflexions sur l'étymologie, les mots et les langues.Vous pouvez aussi consulter le blogue (blog)Les Jacqueries, pour des commentaires sur les aventures de la famille et autres sujets d'intérêt.


Step
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Le préfixe step- dérive du vieil anglais steap (bereaved, orphan), lui-même dérivé d'une source indo-européenne qui a donné aussi le haut allemand stiufen, le vieux frison stiap-, le moyen bas allemand stef-, le hollandais stief-, le vieil islandais stjup-, le suédois styv-, le vieux danois stiup- et le norvégien ste-.


La forme actuelle step- vient du vieil anglais steopcild (stepchild) qui signifiait orphelin. La forme steop- vient lui-elle du vieil anglais astiepan/bestiepan (bereave), apparentée au vieux haut allemand arstiufen/bestiufen.

Avant l’an 800, stepfather/stepmother signifiait celui qui devient le père/la mère d’un orphelin, et stepson/stepdaughter signifiait un orphelin qui devient un fils/une fille par le remariage de son parent.

Les mots in-law, pour désigner dans diverses expressions anglaises les relations entre personnes découlant du mariage de l’une d’elles, sont une abréviations pour in Canon Law, en référence au droit canon de l’église catholique où sont décrits les différents degrés d’affinité ou de parenté entre les personnes qui peuvent autoriser leur union ou la proscrire. Ces règles, plusieurs fois modifiées au fil des siècles lors de divers conciles, proviennent du Lévitique de Moïse, qu'on suppose avoir été écrit aux alentours de 1300 av. J.-C.

En français, l’adjectif beau comme préfixe dans l’expression beau-père ou belle-mère, apparaît dès le Xe siècle. Il est employé dans un sens affaibli du point de vue sémantique comme terme flatteur à l’adresse d’une personne estimée.

Quant au mot bru, qui tend à disparaître de l’usage au profit du mot belle-fille, il vient du latin des Balkans brutis qui est attesté dès le IIIe siècle et qui signifie belle-fille. Ce terme de la vie familiale a été introduit par les Goths lors de leur pénétration de l’Empire romain. Brutis lui-même vient du germanique ancien *bru-diz restitué par le gotique brups (jeune mariée), l’ancien norrois et le haut allemand brut (qui a donné le mot allemand Braut, la jeune mariée), et le vieil anglais bryd qui a donné l’anglais bride.


La raison pour laquelle le même mot en français peut désigner deux réalités différentes alors qu’en anglais, on emploie deux mots pour ce faire, n’est qu’une question de circonstance et du génie de chacune des langues. La même chose arrive couramment dans le sens inverse.


Si on veut le constater, il n’est qu’à prendre le dictionnaire anglais-français ou français-anglais et chaque page déborde d’exemples de mots différents dans une langue pour traduire un même mot dans l'autre langue. Il en est de même de toutes les langues, incluant la belle langue italienne qui nous a donné un proverbe illutrant parfaitement mon propos : traduttore, tradittore.

Bassin de la chute Montmorency

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Un nom pour le bassin de la chute


Jean Laurin, directeur du Parc de la Chute Montmorency, et Danielle Turcotte, directrice de la Commission de toponymie, ont récemment lancé un concours pour baptiser le bassin situé au bas de la célèbre chute. Vous avez jusqu’au 31 août 2008 pour y aller de vos suggestions. L’historien Jacques Lacoursière se joindra aux deux personnes susnommées pour former le jury qui aura à choisir le nom retenu, qui sera dévoilé le 3 octobre prochain.

Pour inscrire vos suggestions : http://www.toponymie.gouv.qc.ca/CT/concours.html.


J'ai bien aimé l'idée de ce concours et je me suis mis immédiatement à la tâche pour tenter d'influencer son déroulement.

J'ai imaginé, sérieusement pour certains noms et de façon humoristique pour d'autres, les appellations suivantes que je vous propose.


Propositions probablement sérieuses


Bassin Chantilly : les chutes doivent leur nom à Henry II, duc de Montmorency (30 avril 1595 - 30 novembre 1632) qui est né au Château de Chantilly.

Bassin Vatel : François Vatel, de son vrai nom Fritz Karl Watel (1631- 24 avril 1671), aurait donné le nom de Chantilly à cette crème fraîche fouettée, alors qu’il était pâtissier-traiteur et maître d’hôtel de Louis II de Bourbon-Condé dit le Grand Condé (8 septembre 1621 - 11 décembre 1686), au Château de Chantilly.

Selon la légende, cette crème serait née quelques années auparavant, d'un incident de cuisine à Vaux-le-Vicomte. La crème fraîche ayant manqué lors d’un repas, un marmiton aurait eu l'idée de la fouetter pour en augmenter le volume et ainsi servir tous les invités.

Une autre version veut que Vatel lui-même inventa la crème, alors qu’il était maître d’hôtel du surintendant des finances du royaume, Nicolas Foucquet (27 janvier 1615 - 1680), au Château de Vaux-le-Vicomte, lors d’un repas donné en l’honneur Louis XIV, accompagné de la reine-mère, Anne d’Autriche, et de toute la cour, le 17 août 1661. Pour le dessert, une surprise inventée par Vatel, une nouveauté mousseuse, sucrée, parfumée, fouettée avec des branchettes de buis ou d'osier : la crème, qu'on appellera plus tard Chantilly, était née, en même temps que la légende !


Bassin Fontenaud : en l’honneur de Jean Fontenaud ou Fonteneau (1482 - ~1557), qui fut le pilote de Jean-François de La Rocque de Roberval (aussi connu sous le nom de sieur de Roberval) (1500 - 1560), lors son voyage au Canada en 1542-1543. C’est Fontenaud qui fit mention des chutes par écrit pour la première fois, selon certains historiens, ce dont on peut douter.


Bassin Champlain : en l’honneur de Samuel de Champlain (~1580 – 25 décembre 1635) qui baptisa les chutes en 1608 en oubliant de baptiser en même temps le bassin, ce que cette proposition corrige rétrospectivement.


Propositions mi-figue mi-raisin


Bassin lorrain : Le Cardinal Jean de Lorraine (9 avril 1798 – 18 mai 1550) et le connétable Anne de Montmorency (15 mars 1492 – 12 novembre 1567) furent des personnes très influentes, simultanément ou chacun leur tour, à la cour de François 1er (1494 – 1547), le roi qui envoya Jacques Cartier 1491 – 1er septembre 1557) en expédition pour découvrir « certaines îles et pays où l’on dit qu’il se doit trouver grande quantité d’or et autres riches choses » et qui vit les célèbres chutes au cours de ses trois voyages. Anne de Montmorency est le grand-père d’Henri II de Montmorency en l’honneur de qui sont désignées les chutes.

On peut aussi penser à tort que cette obséquieuse proposition ne vise qu'à flatter l'un des juges du concours, le directeur général du parc des Chutes Montmorency, Jean Laurin, que je salue bien bas.


Bassin Dallaire ou bassin des Grands-feux : en l’honneur de Marcel Dallaire, le promoteur des Grands feux Loto-Québec ou de son œuvre.


Bassin Labeaume, bassin Boucher, bassin L’Allier, bassin Pelletier, bassin Lamontagne : en l’honneur des maires qui ont vu leur portrait respectif installé récemment à l’hôtel de ville et pour la polémique que cela pourrait susciter et qui pourrait aider la notoriété des fêtes du 400e.


Bassin Pierre : pour le jeu de mots et pour souligner qu’on peut voir les chutes de cette paroisse de l’Île d’Orléans.


Bassin Rabaska : pour que le nom ne sombre pas dans l’oubli si jamais les projets d’implantation portuaire ne se réalisent pas.

J'espère que j'aurai ainsi allumé l'imagination des autres lecteurs qui se rendront nombreux voter pour un nouveau nom pour nos célèbres chutes.